À travers ciel
Jean Luc Cattacin
Je regarde le village et vois ses adultes travailler, ne pas répondre et s’efforcer d’enfouir les secrets têtus qui les lient. Je regarde son Idiot, son coucher, sa belle, ses animaux au sort cruel, souvent. Je me cache dans les champs ou dans les forêts, comme le vieux sanglier gris, comme l’ouvrier disparu, et descends jusqu’à mi-corps dans la rivière aux deux lits où dort le silure. Je lève enfin les yeux vers le ciel, ouvre la bouche et bois la pluie, bois son soleil, et regarde au-delà l’univers infini dont je fais partie et que le maître nous montre du doigt, à nous qui nous amusons dans la classe, indifférents au drame qui attend.
Dans un premier roman des plus sensibles, Jean Luc Cattacin retrouve un regard d’enfant pour illuminer, entre tendresse et violence, les êtres du quotidien.
Que faut-il à premier roman pour atteindre un état de grâce? Le sens du rythme, sans doute, des images simples et pures pour sonder la matière dont le réel est fait, une générosité jamais en défaut pour les hommes et les animaux. Les chapitres se succèdent comme autant de saynètes qui se font écho. Jusqu’au dénouement funeste qui relie la terre des hommes à l’éternel mouvement des astres