Bosnie, la mémoire à vif
Prijedor, laboratoire de la purification ethniqueArnaud Vaulerin, Isabelle Wesselingh
En août 1992, un journaliste américain révélait l’existence de camps d’internement de civils en Bosnie, tenus par les nationalistes serbes, autour de la ville de Prijedor. Des images télévisées et une photo prise à Trnopolje faisaient le tour de la planète. La région était devenue, pour les forces nationalistes de Radovan Karadzic et Ratko Mladic une sorte de laboratoire de purification ethnique. Les exactions n’ont pas manqué, et le Tribunal pénal international a déjà condamné plusieurs de leurs auteurs, tandis que d’autres procès sont en cours. Depuis la fin de la guerre, en décembre 1995, plus de 10 000 personnes qui avaient dû fuir les persécutions sont revenues s’installer à Prijedor. Les auteurs ont mené une longue enquête non seulement pour reconstituer ce qui s’était passé, mais surtout pour comprendre comment ce retour était possible. Comment les victimes peuvent-elles côtoyer ceux qui ont participé à leur souffrance ou en ont tiré bénéfice ? Que dit-on aujourd’hui de la guerre d’hier et des crimes qui ont été commis ? Quelle mémoire veut-on en garder ? Justice est-elle faite ? Quel est le rôle de la communauté internationale ? Et finalement, peut-on envisager une véritable réconciliation ?
Ce qui se dessine, c’est une mémoire à vif, incarnée, du côté des réfugiés par des personnages hors du commun qui veulent bâtir une paix durable mais lucide.
Au-delà de la Bosnie, tous les enjeux des lendemains de guerre sont ainsi mis en lumière, comme autant de défis qui conditionnent l’avenir