Chavez Uribe
Deux voies pour l'Amérique Latine ?Stephen Launay
Deux voix rivalisent aujourd’hui en Amérique latine. Par leurs politiques, leurs projets et leurs doctrines, Chavez et Uribe symbolisent deux manières radicalement distinctes de concevoir la vie nationale et régionale. Malgré des parallèles parfois rapides les rapprochant sous l’étiquette de « populistes » ou de néo-populistes, la situation que connaît chacun de leur pays après plusieurs années de pouvoir est très différente. Chavez cherche à influencer et à pénétrer la politique d’autres pays ; son bilan d’ensemble semble négatif à l’interne, mitigé à l’externe (en termes d’efficacité). En face, le président colombien, dont la politique a connu des succès importants sur la route du renforcement de la paix et de la démocratie. Les problèmes des relations entre les deux pays se sont aussi compliqués du fait de la dimension internationale qu’a pris le conflit (les frères Castro continuent de voir peu ou prou en Chavez le relais du projet castriste ; Uribe est proche des Américains et de ses homologues sociaux-démocrates). La confrontation ne saurait donc être plus nette entre un « projet bolivarien » qui encourage la lutte révolutionnaire (le président vénézuélien considère à égalité la guérilla des FARC et l’État colombien) et une politique colombienne de renforcement de l’autorité de l’État (la « politique de sécurité démocratique », un programme de fermeté contre les FARC) avec l’appui des États-Unis (avec le lancement du Plan Colombie en 1999, Washington a considérablement renforcé son aide à ce pays). Dans cette lutte pour le leadership politico-moral de l’Amérique latine (dernièrement, l’affaire Bétancourt en a été révélatrice), le Brésil de Lula tente de s’interposer dans le match Chavez-Uribe et se présente comme une voie intermédiaire.