Écrit dans le noir
Essais sur la littératureMichel Schneider
Les écrivains ont deux vies. L’une où vous les croisez vivants dans la rue, ou bien lorsque vous croyez deviner leur fantôme dans leur maison natale ou finale. L’autre dans leurs livres, où, sans corps mais non sans parole, ils vous disent qu’ils ont été. Un corps de chair, périssable, et un corps de papier, non moins mortel. La deuxième vie dure parfois plus que la première, mais aucune n’est plus vraie que l’autre. Qui est l’écrivain, celui qui vit la vie de tout le monde ou celui qui écrit à partir de sa vie comme personne d’autre n’aurait pu le faire?
Étrange façon de passer sa vie à écrire celles d’autres qui ont écrit, avec ce recueil d’essais littéraires dispersés et publiés en revues sous son nom depuis trente ans, Michel Schneider met en scène les doubles vies d’écrivains?: Flaubert, Baudelaire, Musil, Canetti, Kafka, Henry James, Melville, Colette, Malraux, Starobinski. Et, dans la coulisse, Proust, bien sûr, son fantôme de chaque jour, sur qui il a déjà publié deux livres. Tous furent confrontés au dilemme: écrire ou vivre.
N’être vivant qu’hors de la vie, n’être chez soi qu’hors de soi, tel fut le sort des écrivains que les essais littéraires ici publiés feront revivre. Pour certains auteurs, écrire, c’est ne pas vivre; pour d’autres, c’est vivre deux fois. L’écrivain est un revenant. Il revient du passé, le sien et le nôtre. Son être n’est que son ombre. Sa demeure, le nulle part de la langue. Son temps, le futur antérieur.
La psychanalyse s’est invitée entre les lignes, mais pas comme une série de clefs ouvrant les portes du mystère de la création littéraire. Ce n’est pas elle qui éclaire la littérature, mais l’inverse.
Recueil d’essais littéraires publiés dans différentes revues depuis trente ans, dans lequel Michel Schneider met en scène les doubles vies d’écrivains: Flaubert, Baudelaire, Musil, Canetti, Kafka, Henry James, Melville, Colette, Malraux, Starobinski.