Esprit de petitesse
Philippe Caubet
«Il y a en nous un esprit de petitesse qui attaque, creuse, brise, fracasse, désagrège, sape le rocher de la grandeur. C’est le travail incessant, fébrile, souterrain de la petitesse». C’est en 1935 que Bruno Schulz, écrivain polonais, disait cela. À quels travaux l’esprit de petitesse est-il actuellement occupé? Car s’il frappe petitement, il frappe de toutes parts et de tout temps. Par exemple, hic et nunc, le dernier cri consiste à faire usage de ce qu’on a nommé «le principe de précaution», autrement dit principe de trouille administrative généralisée, qui est destiné à prémunir l’autorité de toutes sortes de réclamations, de mises en jeu de responsabilités, de procès, de punitions judiciaires ou non; et le tout, dit-on, dans l’intérêt du citoyen. Ce principe officiel de précaution, qui a reçu une reconnaissance constitutionnelle en France en 1995, est une des armes officielles, visibles, de l’esprit de petitesse.
Les multiples agissements récents de l’esprit de petitesse ont pour résultat une bien étrange barbarie, celle de notre temps, une barbarie qui ne fait pas couler le sang, mais qui, en quelque sorte, l’empêche de circuler.
À la fois essai et pamphlet, cet ouvrage est une réflexion sur les mœurs de notre temps et de notre société. Vif et incisif et avec beaucoup d’humour, Philippe Caubet prend comme fil conducteur cet esprit de petitesse, qui n’est pas propre à notre époque, mais traverse tous les temps, pour mettre en lumière et analyser nos travers.