Jeudi, ou comment une sympathique compagnie de théâtre estudiantine devient malgré elle un groupuscule terroriste.

Deux narrateurs, deux pièces de théâtre et un manifeste révolutionnaire… voilà qui peut sembler déroutant. Pourtant, les 324 pages de Jeudi nous font passer du rire sonore à l’effroi horrifique de celui qui est méthodiquement trainé dans les brisures de verre. Aspirés dans les récits de ces enfants perdus désespéramment à la recherche du collectif, entrainés, à un rythme haletant, dans une succession de catastrophes, nous sommes soufflés, bouleversés face à cette écriture véritablement nouvelle, face à la capacité d’Eden Levin à se jouer des registres et des genres pour assiéger nos sentiments.

C’est un texte véritablement jeune, non parce qu’il est naïf – il ne l’est pas – mais parce qu’il est pétri de l’intelligence, l’énergie, de la fougue, de l’indignation, de l’absolu, de l’honneur, de l’intégrité, du refus de se compromettre de la jeunesse. Une pure fiction en prise directe avec l’expérience humaine contemporaine.

Corrosif, tendre, et révoltant.