Les relations entre l’Islam et l’Occident sont pour le moins problématiques. Pour Denis Bachelot, ce sont moins des questions théologiques ou religieuses qui sont en cause, que la place accordée à la femme et le regard porté sur elle. La libération sexuelle qui s’est développée en Occident depuis les années 1960, et à laquelle nous sommes naturellement attachés, choque le monde musulman. Si les islamistes nous accusent de décadence morale, la généralisation du voile, dans un pays comme la France, montre que les musulmans ordinaires, sans être fanatiques, s’identifient à d’autres modèles sexuels que les nôtres. Dans les banlieues, dans la jeunesse d’origine musulmane, les valeurs de virilité, de force, de domination sont aux antipodes du mélange des sexes et de la contestation de la séparation homme femme qui constituent des marques essentielles de la modernité occidentale. C’est donc sur un point très sensible, propre à tous les fantasmes, qui touche à l’identité même des personnes, que l’opposition se noue d’une façon qui peut parfois paraître irréductible. D’où l’impression d’un antagonisme croissant. A l’extérieur de nos frontières, le monde musulman rejette l’exhibitionnisme de la culture de masse occidentale. A l’intérieur, les Français de souche disent éprouver un malaise spécifique vis-à-vis des musulmans, tandis que ces derniers ne se sentent pas respectés… La crise des banlieues, celle de l’intégration trouve là ses racines les plus profondes, elle n’est pas seulement un problème de justice sociale.