La Plieuse de parachutes
Mercedes Deambrosis
Ils se sont toujours manqués. Il est son fils, pourtant. Mais d’un premier mariage. On ne peut pas dire qu’ils se connaissent. Mais ils ont dû se croiser quelquefois. D’ailleurs, le père est fier de la réussite de son fils. Un haut poste à la banque. Il l’a toujours dit à son cousin, que son fils avait réussi. Mais les années ont passé et les vies ont pris chacune leur trajectoire. Le père s’est remarié. Avec une horrible femme qui l’a isolé de tous. Et particulièrement de sa famille. Une horrible femme qui a détourné les quelques biens qu’il possédait et qui l’a placé en maison de retraite. C’est là, d’ailleurs, qu’un soir, son fils est venu le chercher pour dîner avec lui au restaurant. Exprès, malgré son emploi du temps très chargé. Et lui, ce soir-là, avait complètement oublié et terminait tranquillement son potage à la cantine lorsque son fils avait fait son apparition.
La femme du fils, elle, ne l’a jamais rencontré. Les enfants du fils non plus.
C’est aujourd’hui l’enterrement de ce père fantôme. La femme du fils est là, et attend près du crématorium. Sont là aussi le cousin, cité quelques lignes plus haut, et une autre cousine. Le fils, lui, est en retard, bloqué dans les bouchons. Ils attendent et, pour passer le temps, essaient de parler de ce mort que, finalement, personne ne connaît.
La Plieuse de parachutes est un texte composé en trois actes. Mercedes Deambrosis, avec un humour tout de retenue, souligne parfaitement l’absurdité et l’incroyable inanité de nos vies.
Un père, qui s’est remarié avec une plieuse de parachutes, et son fils, qui a réussi dans la vie. Ils ne se connaissent pas, ils se sont toujours manqués. Même le jour de l’enterrement du père, le fils arrive après la cérémonie. Dans ce court roman à l’humour délicat, Mercedes Deambrosis récapitule ce qui reste d’une vie après la mort.