Le roman de Thomas Lilienstein
Laurence Werner David
Quand, en 2003, Mikel, la narratrice, rencontre Thomas Lilienstein à l’université, ce sont deux jeunes gens d’à peine vingt ans que les circonstances professionnelles vont presque aussitôt séparer. Ils se quittent sans avoir eu le temps de se connaître. Cinq ans plus tard, lorsqu’ils se retrouvent enfin, Thomas évoque à Mikel le nom d’une ville : K., ou Khila, où il espère qu’elle le rejoigne. Paysagiste, Thomas y poursuivra les croquis du parc qui, depuis des années, le hantent pendant qu’elle écrira son premier roman consacré à leur amour. À Khila, ce roman devient pour elle une mission d’autant plus obsédante que Thomas s’absente de plus en plus souvent pour Saint-Nolse, la petite ville où il a vécu adolescent avec sa mère, Sylvia Lilienstein, une célèbre paysagiste dont l’ombre embrasse tout le roman. Cette absence qui en cache d’autres va provoquer le désarroi de Mikel, aspirée dans un labyrinthe aussi tortueux que fascinant. La narratrice va alors s’immiscer dans l’intimité des amis passés et présents de Thomas, et affronter leur tragique passé commun pour composer peu à peu un portrait diffracté de son compagnon. Car, au centre de la vie des Lilienstein, il y a une béance issue d’une dette paralysante, mortelle, de celles que l’on transmet aux générations suivantes.