Les après-midi, ça devrait pas exister
Fabienne Jacob
Je ne réussirai pas à dire comme on est bien dans une voiture la nuit et que dehors il pleut sans cesse sur les grands panneaux d’autoroute Forbach Saarbrücken Forbach Saarbrücken. Cette région que personne n’aime, moi si. C’est guttural, ces noms de villes ing, ach, disent les pédants, c’est dur, se contentent de dire les autres. Les cités rouges, la mine, toujours une mine pas loin, Lorraine cœur d’acier sur les banderoles, le mot porion quand on était petits pour les exposés, jamais su ce que cela voulait dire vraiment. Cette région de pluies incessantes et sales, même la lumière couleur de minerai. Cette région que personne n’aime, moi si.
Une voix off, une voix féminine, égrène les souvenirs : l’Est, l’enfance et le père, les voyages autrefois insouciants, une femme qui va retrouver son amant, une rupture, une dépression, le temps étrange et vide des après-midi… Ces courtes nouvelles à l’écriture sensuelle et musicale touchent. Elles racontent l’intime et l’éphémère, le désir et la perte. Elles sont des éclats, des fragments de vie où bien des lectrices pourront se reconnaître.