Lettre américaine
Marie Goudot
La trajectoire extraordinaire de Nathaniel Hawthorne méritait bien un roman. Fils de puritains anglais établis à Salem, hanté par l’idée d’une malédiction ancestrale, ses nouvelles et ses romans sont marqués par un univers crépusculaire, où l'ombre du passé défie constamment le présent, et où la filiation est porteuse de souffrance. Il est considéré comme un des premiers vrais auteurs américains, qui a su se détacher des canons de la littérature du Vieux Continent pour inventer un nouveau genre, le gothique provincial.
Marie Goudot s’attaque à ce monument du Massachusetts et n’en omet aucune part d’ombre: l’enfance douloureuse, entachée par le deuil et la maladie, un rapport compliqué aux femmes, la fièvre des premiers écrits et l’attente douloureuse du succès, l’obsession de la filiation et de l’identité (le choix d’ajouter un W à son nom est loin d’être anodin), les amitiés politiques équivoques, l’attachement féroce, presque sensuel à Herman Melville. Loin d’être une simple biographie romancée, Lettre américaine est une interprétation poétique de la vie et l’œuvre du grand auteur, servie par une langue tout en délicatesse et une structure narrative audacieuse.
Un roman fort et empreint de poésie sur l’une des figures les plus fascinantes de la littérature américaine de la première moitié du dix-neuvième siècle. Habilement construit sur les figures d’Hawthorne et de Melville, la lecture de Lettres américaines nécessite pas de connaissance préalable de l’œuvre des deux écrivains.