Lumières de Joseph Czapski
Jil Silberstein
Plutôt qu’un essai sur l’aventure d’un peintre marquant de notre siècle, cette chronique très personnelle offre un portrait de Joseph Czapski, tel qu’il apparut, dès 1975, à un jeune écrivain.
Homme anxieux, hanté par les enjeux de son travail et rudoyé par le grand âge, l’artiste, remarquablement attentif aux faits et gestes de son époque, s’avère un être d’exception, d’une bonté et d’une remarquable ferveur spirituelle.
Lors de leur première rencontre, ce Polonais exilé à Maisons-Laffitte a derrière lui une vie d’une rare intensité.
Né en 1896 au sein d’une famille aristocratique et est éduqué à Saint-Pétersbourg. Membre du Corps des Pages, il quitte le premier régiment des uhlans par conviction pacifiste. Il étudie les Beaux-Arts à Varsovie, lutte contre les bolcheviks en 1920 et vit sept ans à Paris avant de s’impliquer, comme officier de réserve, dans la Deuxième Guerre mondiale où sera englouti l’essentiel de son oeuvre.
Fait prisonnier, interné en U.R.S.S, il assiste à la disparition de milliers d’officiers polonais qu’il recherchera vainement avant de comprendre leur liquidation par les Soviétiques. Avec l’armée polonaise, il traverse l’Iran, l’Irak, la Palestine, l’Egypte, participe à la campagne d’Italie et dénonce les atrocités commises, notamment à Katyn, sur ordre de Staline.
Banni de son pays, il recueille des fonds aux Etats-Unis pour créer KULTURA, la revue de l’émigration polonaise.