Mille amertumes
Philippe Lafitte
Qui est cet homme qui vit sur des cartons dans le tunnel souterrain d’une grande ville? Qui n’a rien d’autre pour vivre que ses souvenirs et la nécessité obsessionnelle de l’alcool. Qui n’a plus rien et qui considère pourtant, qu’au centre de sa vie, il a tout eu.
Qui est cet anonyme, d’autant plus anonyme qu’il nous raconte qu’il a été quelqu’un? Que s’est-il passé pour en arriver là?
Par une construction qui juxtapose vie présente et vie passée, on entrevoit une explication possible à pareille déchéance.
Mille amertumes, c’est l’errance d’un homme qui avance chaque jour un peu plus vers l’inévitable. C’est aussi un roman sur l’échec et la difficulté de vivre. Au long d’une lente dissolution de lui-même, le personnage principal s’interroge. Comment aimer la vie quand on pense ne pas avoir été aimé? Comment vivre après le succès? À quelle vitesse se détériore un individu dans notre société?
Exclu du monde ordinaire des vivants, exclu du monde extraordinaire d’une réussite statutaire vécue ou fantasmée, le personnage central du roman se trouve condamné à une double peine. Comment après ça résister plus longtemps?
Mille amertumes, c’est l’amertume dans le plus grand désordre, un sentiment durable qui hante jusqu’à l’issue finale un looser qui n’a plus rien de magnifique.