Ouvrez quelques cadavres
Une anthropologie médicale du corps mortPhilippe Charlier
«Ouvrez quelques cadavres: vous verrez aussitôt disparaître l’obscurité que la seule observation n’avait pu dissiper.» C’est Xavier Bichat qui tenait ces propos en 1801. Philippe Charlier peut aisément les reprendre à son compte, car la pratique autopsique est toujours bien vivante et nécessaire, tant socialement que d’un point de vue scientifique. Indéniablement, les morts sont utiles aux vivants.
Pour autant, et c’est tout l’objet de cet ouvrage, il est aujourd’hui important, en l’absence de norme précise concernant le corps mort, de questionner les approches encore enseignées. En réfléchissant à la place des sciences humaines dans le cursus et dans l’approche du praticien vis-à-vis du corps mort, Philippe Charlier remet au centre des préoccupations le respect dû au cadavre autant que celui dû aux familles. Car en rendant le corps mort présentable et/ou accessible au non-initié, que ce corps soit récent ou ancien, le médecin légiste redonne une identité à l’individu.
Qu’un corps mort ait 3 jours ou 4500 ans, qu’il s’agisse d’un homicide à élucider ou d’une tête maorie du XIXe siècle, conservée dans les sous-sols d’un musée français et dont la Nouvelle-Zélande réclame le retour, tout cadavre a droit au respect dû à un individu. Mais redonner une place aux sciences humaines dans la pratique Médico-légale, et plus largement dans la pratique médicale, ne doit pas empêcher la science de faire son travail. C’est cet équilibre que l’auteur de cet essai se propose de trouver.