Quand Poutine se prend pour Staline
Pierre Rigoulot, Florence Grandsenne
Depuis le 24?février 2022, l’agression de la Russie contre l’Ukraine bouleverse le monde. Les horreurs se multiplient. Les révélations de tortures, d’exécutions, de viols, de bombardements de civils sont d’autant plus incompréhensibles que Vladimir Poutine, l’homme qui a décidé cette agression, se justifie par des arguments proprement délirants: un jour l’Ukraine n’existe pas; un autre, il faut empêcher qu’elle ne tombe du côté d’un Occident décadent; un troisième, qu’il importe de la «dénazifier».
Avec le recul propre aux historiens, Florence Grandsenne et Pierre Rigoulot démonte un par un ces arguments qui dévoilent en creux les obsessions du dirigeant russe?: celles d’un ancien kgbiste qui a toujours vu l’étranger comme l’ennemi, ne connaît que le rapport de forces et instrumentalise les millions de morts de la Grande Guerre patriotique, ainsi qu’on appelle la Seconde Guerre mondiale en Russie, pour se maintenir au pouvoir.
Homme de mensonges, convaincu par sa propre propagande aussi absurde qu’inconstante, Vladimir Poutine manipule les mémoires et insulte les héros morts au combat contre les?– vrais?– nazis tout en laissant commettre crimes de guerre sur crimes de guerre. Au tribunal de l’histoire convoqué par Florence Grandsenne et Pierre Rigoulot, c’est bien en coupable qu’il comparaît.
La Russie d’aujourd’hui ne peut pas prétendre mener une croisade antinazie en se réclamant de la «Grande Guerre patriotique» menée par l’Union soviétique pour attaquer l’Ukraine.