Turquoise
Frédéric Debomy, Olivier Bramanti
En 1994 se produisait au Rwanda le génocide des Tutsi de ce pays, orchestré par un pouvoir extrémiste hutu qui se sentait menacé par le multipartisme naissant et par la guerre que lui menait la rébellion armée à dominante tutsi du Front Patriotique Rwandais. Décidé à garder le pouvoir coûte que coûte, le régime s'employa à convaincre la population hutu que l'élimination des tutsi était une nécessité de survie. La participation populaire à l'extermination fut frappante : elle permit l'élimination de 800 000 tutsi en seulement trois mois. Pourtant le génocide, à peine achevé, fut provisoirement oublié : des images spectaculaires d'un exode massif des populations hutu vers le Zaïre s'imposèrent aux citoyens du monde entier, faisant oublier les victimes de l'un des pires crimes de masse du vingtième siècle. Le génocide avait été très peu filmé, l'exode le sera davantage : les caméras de télévision ne manquèrent rien de la fuite de ces populations hutu qu'effrayaient les victoires militaires de la rébellion. Les victimes de la tragédie rwandaise, c'étaient donc pour les téléspectateurs du monde entier ces exilés dont beaucoup avaient pourtant contribué à l'élimination de la minorité tutsi. Ces exilés bientôt victimes d'une épidémie de choléra dans les camps de réfugiés du Zaïre, qui fit 30 000 morts. 30 000 victimes du choléra effaçaient de la mémoire collective les 800 000 tués du génocide...