Le dernier colonel
Jean Lods
Depuis qu’il y a une forteresse, il y a un colonel pour la commander. Et une fille de colonel pour dévaler la colline et aller danser. Entendez-vous la musique des fêtes? Elle vient de la mer comme l’odeur du large. Qui reconnaîtra que le métal des notes commence à se fêler?
Car au Nord la nappe miroitante des marécages semble irrésistiblement avancer. De plus en plus souvent, les cavaliers en patrouille sentent les sabots de leur monture s’enfoncer dans le sol élastique.
Une tempête approche. Et, avec elle, des ennemis insaisissables sur des chevaux légers. Ils font tous partie d’un mal plus vaste que le vieux colonel devine mieux que quiconque. Un mal qu’il porte en lui comme son pays au point de se confondre avec elle…. La vieillesse.
Certaines paraboles sont inépuisables. Jean Lods chante la geste d’un homme confronté à cet ennemi invisible qu’est le temps. Mais, contrairement à Dino Buzzati ou Julien Gracq, il dote son héros d’une vie de famille. De quoi rapprocher de notre quotidien ce conte sur la vieillesse que les descriptions d’une nature étouffante parent d’un lyrisme sensuel.