Le Goût de la trahison
Stéphanie Chaillou
Marc habite Saint Nazaire?; chaque weekend, accompagné de sa famille, il rejoint l’île de Noirmoutier. Une routine qui lui procure une joie simple, paisible. Pourtant, un danger plane sur cette existence privilégiée. Paul Delacroix?; ce nouveau collègue qui possède lui aussi une maison de famille sur l’île.
Rapidement, les deux hommes deviennent amis. De parties de tennis en invitations à dîner, ils se découvrent et se lient.
Avec Paul, Marc se livre, il s’autorise à être lui-même, lui qui s’en est toujours tenu à son rôle normé d’homme, d’époux, de père. Aussi, quand un jour Paul se détache de lui, Marc ne comprend pas les sentiments qui le submergent. Mais qu’a-t-il bien pu se passer? Qu’a-t-il fait pour être ainsi rejeté? Et pourquoi, est-il autant affecté?
L’île de Noirmoutier, qui a toujours été son refuge, est désormais dépouillée de sa magie, comme entachée par cette présence qui le hante; Marc est perdu, désemparé. Laissé seul avec sa honte et sa colère devant une épouse sur ses gardes qui l’observe comme un étranger et deux enfants stupéfaits face à un père qu’il ne reconnaissent plus, il va devoir apprivoiser sa vulnérabilité, une complexité intérieure dont il ne se savait pas doté.
Au cœur d’un huis-clos hypnotique qui prend racine sur l’Île de Noirmoutier, à la fois fascinante et menaçante, Stéphanie Chaillou installe avec talent une véritable tension narrative, un climat d’inquiétante étrangeté qui nous happe, tandis que son personnage principal se fait inexorablement dévorer. Elle nous offre une histoire d’emprise, d’attachement confus et de fragilité?; une histoire d’amitié complexe, dont les non-dits révèlent en filigrane des rapports de domination et des fractures de classes. Ici, les personnages nous parlent de liens affectifs au masculin, qui laissent poindre une nouvelle forme de masculinité.