On espérait que les nouvelles technologies mèneraient à un monde unifié et aplani. En abolissant les barrières de l’innovation, de la mobilité sociale et de la connaissance, elles devaient donner à chacun les moyens de son émancipation et de son épanouissement.

Quelle désillusion! Internet a aboli beaucoup d’intermédiaires mais il a aussi érigé d’immenses barrières qui coupent le monde en deux. Il assoie la domination de quelques entreprises capables d’imposer leur loi au monde entier. Il place la démocratie en étau entre les nouvelles dictatures et des minorités qui veulent l’asservir.

Si nous ne savons pas changer nos institutions, maîtriser le pouvoir prométhéen des nouvelles technologies, aider les sociétés à acquérir de nouveaux équilibres et l’homme à se forger une nouvelle identité, alors nous risquons des déchaînements de violence inouïs. Le numérique va détruire la civilisation. Sauf si nous devenons tous des neuroculteurs?: des consommateurs avertis et actifs, des travailleurs agiles passionnés d’apprendre, des citoyens informés et capables de prise de distance critique face à tous les discours.

Internet devait ouvrir et rapprocher le monde. Or, aujourd’hui les démocraties régressent et le monde est séparé entre ceux qui ont tout - plateformes et tycoons du net -, et ceux qui n’ont rien - entreprises vassales et travailleurs sans compétence numérique -Comment réagir?