Le Plancher de Jeannot
Ingrid Thobois
Alexandre et Joséphine, dite La Glousse, ont trois enfants: Paule, Simone et Jeannot.
À vingt ans, Jeannot s’engage en Algérie. Il laisse derrière lui ses parents et sa sœur Paule. Simone, elle, a déjà quitté la ferme familiale pour s’éloigner du père incestueux. Mais le jeune homme rentre très vite de la guerre: son père s’est suicidé, et il doit désormais assumer le rôle de chef de famille. L’exploitation jusqu’alors prospère périclite, et Jeannot sombre dans un délire paranoïaque, se barricadant avec sa mère et sa sœur dans la ferme qu’il garde armé de son fusil. Bientôt, Jeannot, Paule et la Glousse en viennent à vivre entièrement coupé du monde, repliés dans la maison. Seul le vétérinaire est encore admis à visiter la ferme. C’est lui qui va découvrir la dépouille de Joséphine, disposée près de la cheminée. Jeannot l’enterre dans la maison, installe son lit au-dessus de la sépulture de sa mère et s’abandonne à des rites de dévotion antique, gravant inlassablement, et jusqu’à son dernier souffle, le plancher de part et d’autre de son lit.
La voix de Paule, brute et poétique, s’élève pour nous faire entendre le récit de cette tragédie familiale qui est aussi une histoire vraie. Une langue âpre travaillée par la folie, une musique envoûtante qui sait épouser le sentiment de claustration pathologique des personnages, jusqu’à capturer le lecteur qui en sera habité pour longtemps.
Tragédie rurale librement inspirée d’un fait divers qui a marqué les esprits au début des années 70. Récit à la première personne porté par une écriture brute qui donne à entendre la folie des personnages.