Dans le calme du soir
Frédéric Pajak
Il est un temps où la mémoire réclame sa part de souvenirs, fidèles ou embellis, ou encore distordus par le passage des jours. Soixante-sept ans: c’est un âge raisonnable pour se livrer à cet exercice. Souvenirs de la classe de neige, à l’époque des premiers tire-fesses (ou tir-flemme, en Suisse romande), souvenirs d’un bref séjour à l’École des beaux-arts, au temps de l’adolescence, souvenirs d’un labeur éprouvant, sans lendemain, souvenirs de la mort aussi; et puis souvenirs de la famille, et notamment de trois oncles: l’un a combattu aux côtés du général Leclerc après avoir été enrôlé de force dans la Wehrmacht; un autre a fait la guerre d’Indochine; quant au troisième, fils d’un important fasciste italien, il est devenu un diplomate influent de la construction européenne. Trois oncles, trois fantômes qui reviennent toujours, confiant à leur neveu leur fierté, leurs souffrances, leurs petits et grands secrets, comme autant de moments douloureux de l’Histoire de France.
L’auteur évoque aussi les villes de sa jeunesse: Strasbourg, Paris, Lausanne, Aoste, Athènes, et enfin Arles, où il vit.
Et pour finir, un récit, entre réalité et fiction: deux vieux artistes vont mourir. Qui se souviendra de ces oubliés de l’Histoire de l’art? Une histoire bâtie comme un bref roman noir.
Pajak laisse les souvenirs lui dicter son ordre du jour. Affaires de mômes et histoires de famille, échos des guerres et aventures de ses trois oncles. Suivent six magnifiques portraits de ville, comme autant de lettres d’amour, d’Aoste à Arles, en passant par Athènes. Et enfin, un récit mâtiné de fiction sur le déclin de deux artistes.