Liturgie est un recueil de nouvelles qui ont pour thème les villages perdus et les vies des habitants du pays d’en haut — là où la nature se fait rude, où l’hiver est bien trop long. C’est l’histoire éternelle des familles silencieuses et de ceux qu’elles écrasent.
Jeanne, qui n’a plus de visage et dont la vie coule aux interstices de celle des autres, nièces ou neveux, qui devraient se souvenir et qui ont oublié parce que la tante Jeanne n’a jamais eu aucune espèce d’importance.
C’est Alphonse, qui aime les travaux de femme, tout particulièrement les soins du linge, qui reprise et coud au long des après-midi dans la cuisine vide, devant la fenêtre donnant sur les terres, où sont les vrais travaux, ceux des hommes.
C’est le souvenir de Roland, qui n’a pas choisi d’être menuisier, de vivre avec sa mère, dans ce pays. Roland qui enviait son frère qui, lui, avait su vouloir et était parti, loin de la glu de la maison, de la transmission, de l’héritage obligé.
Roland qui, un matin, a choisi de se pendre...

Ces nouvelles confirment l’art qu’a Marie-Hélène Lafon de donner une dimension tragique ou dramatique aux passions de ses héros — tous modestes personnages. Pas un mot de trop, pas un sentiment déplacé, mais toute la force de l’inéluctable.